jeudi 27 mars 2008

Chronique de stagiaires

J’avais déjà parlé, dans un récent post, du fait que la profession était remplie d’avocats avec un ego assez développé. Pour cette raison et selon la façon dont cet ego se manifeste au sein du cabinet, vous avez à gérer à la fois les tâches que l’on vous confie mais aussi la façon dont s’adresse à vous l’avocat pour lequel vous travaillez.

En avril 2007, j’écrivais, dans un post intitulé « La donnée humaine », la chose suivante à propos du stage en alternance que j’effectuais alors :

« On a souvent l’impression que tout ne peut que se passer pour le mieux dans le meilleur des mondes à condition que le travail fourni soit à la hauteur. C’est sans compter sur une donnée non négligeable en cabinet d'avocat. La donnée humaine...

Autour de moi un certain nombre d’amis l’apprennent à leur dépens puisqu’ils viennent tout juste de prendre la décision de quitter les cabinets qui les accueillaient jusque-là.

Certains en ont eu marre d’être pris pour des coursiers par leur maître de stage. On leur demandait d’aller signifier des actes dans les différents TGI (Paris, Bobigny, Créteil, Nanterre) toute la sainte journée au point de passer l’essentiel de leur temps à l’extérieur du cabinet.

D’autres ont pu se rendre compte par eux-mêmes que le métier d’avocat est une profession où les personnalités sont fortes et où les maîtres de stage caractériels voire de mauvaise foi sont légions. Dans ces conditions, vous avez d’ailleurs plusieurs solutions :

1° soit vous accepter les critiques, invectives et autres remarques blessantes en baissant la tête...et en espérant que l’orage passe. (Stratégie payante à court terme mais destructrice à long terme puisque votre interlocuteur, conscient qu’il peut à peu près tout faire de vous sans que vous réagissiez, poussera la fois suivante les limites encore plus loin que ce que vous pouviez imaginer).

2° soit vous répondez de façon tout aussi disproportionnée et vous vous exposez à entrer dans un conflit ouvert avec votre maître de stage. Conflit qui ne cessera qu’après votre départ. En clair, vous lui parlez aussi mal qu’il vous parle, vous lui dîtes ses quatre vérités et vous lui rendez votre démission dans la foulée. (stratégie jusqu'au-boutiste par excellence qui implique que vous ne regrettiez pas votre geste quelques secondes après l’avoir fait).

3° soit vous vous savez irréprochable et vous expliquez calmement à votre maître de stage, les raisons pour lesquelles il a tort de vous faire des reproches et qu’il a encore moins de raison de vous parler de cette façon. (3ème solution que j’affectionne tout particulièrement).

C’est pour la deuxième solution que 3 de mes amis, qui viennent de claquer la porte des cabinets qui les embauchaient, ont pourtant décidé d’opter. Ils se retrouvent maintenant sans stage en alternance un mois avant la fin officielle celui-ci, mais se disent soulagés d’avoir quitté une structure dans laquelle ils ne se sentaient plus à l’aise et au sein de laquelle la confiance ne régnait plus. »

Ce soir, à la faveur d’un dîner bien arrosé en compagnie d’un groupe d’amis, j’ai pu découvrir à quel point cette analyse se révélait toujours applicable même pour le stage final, qui n’a pourtant pas le même enjeu que le stage en alternance.

L’un de mes amis vient tout simplement de claquer la porte de son cabinet pour cause d’incompatibilités d’humeurs chroniques avec son maître de stage qui en était venu à ne quasiment plus lui adresser la parole tout ceci après l’avoir houspillé à de nombreuses reprises, et ce pendant plusieurs semaines. La situation étant proche de ce que l’on qualifie parfois de harcèlement moral, il a décidé de filer sa démission et de rechercher un cabinet plus « tranquille » dans lequel exercer.

Une autre de mes amies m’a parlé de quelques-unes de nos connaissances réciproques qui ont décidé, elles aussi, après deux mois dans leur cabinet, de ne plus y rester et d’en chercher un autre pour des raisons différentes :

1° Soit parce qu’elles étaient déçues ou plutôt dégoûtées par la qualité des tâches confiées (Recherches + photocopies – Photocopies + recherches).

2° Soit parce qu’elles n’étaient pas convaincues qu’elles allaient pouvoir tenir la cadence imposée par le cabinet sur 6 mois. 9h/23h tous les jours avec retour « obligatoire » au cabinet certains week-ends et tout cela bien sûr sans aucun remerciement pour le travail effectué.

3° Soit parce que la sauce n’ayant jamais pris entre elles et leur maître de stage respectif, elles préféraient quitter le cabinet afin de ne pas gâcher leurs chances de trouver une future collaboration en travaillant avec un autre avocat qui serait plus à même de déceler et surtout de reconnaître leurs qualités.

Une fois de plus, force est de constater que la donnée humaine a une grande importance dans le monde du travail et à fortiori dans le milieu des avocats. CQFD

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