dimanche 30 mars 2008

3 mois déjà !

Je vais entamer mon quatrième mois de stage. Il reste conforme à ce que je pensais au départ.

Intense, au sens où même si je qualifie mes horaires de corrects (9h/19h30), je n’ai pas vraiment le temps de souffler. Les pauses déjeuner sont d’une heure et peuvent être plus courtes, si l’activité du cabinet l’impose. Cette profession est de toutes les façons l’archétype d’un métier où il y a toujours du travail en suspens et donc constamment quelque chose à faire.

Formateur, pour les raisons déjà évoquées à longueur de post depuis bientôt 3 mois mais aussi stimulant parce que le principe même de la profession, vue du côté du stagiaire que je suis, veut que plus vous faites bien ce que l’on donne à faire, plus on vous donne du travail à faire.
Le point que je qualifierais de « négatif » est que le niveau d’exigence ne s’adapte pas vraiment à la charge de travail, qui a pu doubler voire tripler, et que l’on attend donc toujours de vous que le travail soit parfait et rendu dans les temps.

Le point positif est que vous apprenez beaucoup plus à mesure que ce que l’on vous donne s’enrichit et se diversifie et qu’il est toujours agréable de constater, de cette façon indirecte, que votre travail est jugé comme un travail de qualité. Je précise de « façon indirecte » parce que les avocats sont, dans leur très grande majorité, assez avares de compliments…directs.

Cette profession, comme d’autres me direz-vous, fonctionne donc beaucoup sur la confiance. On vous confie d’abord une tâche pour évaluer votre niveau. Puis, au vu du résultat et au gré des disponibilités fluctuantes de votre maître de stage (qui croule déjà sous le travail et jongle déjà avec ces différents rendez-vous et ces audiences de plaidoiries), vous pourrez ainsi vous voir confier assez rapidement, nécessitant faisant loi, de plus en plus de dossiers, avec sur ces dossiers une responsabilité allant du fait de s’occuper d’un point de droit en particulier à la totalité du dossier.

jeudi 27 mars 2008

Chronique de stagiaires

J’avais déjà parlé, dans un récent post, du fait que la profession était remplie d’avocats avec un ego assez développé. Pour cette raison et selon la façon dont cet ego se manifeste au sein du cabinet, vous avez à gérer à la fois les tâches que l’on vous confie mais aussi la façon dont s’adresse à vous l’avocat pour lequel vous travaillez.

En avril 2007, j’écrivais, dans un post intitulé « La donnée humaine », la chose suivante à propos du stage en alternance que j’effectuais alors :

« On a souvent l’impression que tout ne peut que se passer pour le mieux dans le meilleur des mondes à condition que le travail fourni soit à la hauteur. C’est sans compter sur une donnée non négligeable en cabinet d'avocat. La donnée humaine...

Autour de moi un certain nombre d’amis l’apprennent à leur dépens puisqu’ils viennent tout juste de prendre la décision de quitter les cabinets qui les accueillaient jusque-là.

Certains en ont eu marre d’être pris pour des coursiers par leur maître de stage. On leur demandait d’aller signifier des actes dans les différents TGI (Paris, Bobigny, Créteil, Nanterre) toute la sainte journée au point de passer l’essentiel de leur temps à l’extérieur du cabinet.

D’autres ont pu se rendre compte par eux-mêmes que le métier d’avocat est une profession où les personnalités sont fortes et où les maîtres de stage caractériels voire de mauvaise foi sont légions. Dans ces conditions, vous avez d’ailleurs plusieurs solutions :

1° soit vous accepter les critiques, invectives et autres remarques blessantes en baissant la tête...et en espérant que l’orage passe. (Stratégie payante à court terme mais destructrice à long terme puisque votre interlocuteur, conscient qu’il peut à peu près tout faire de vous sans que vous réagissiez, poussera la fois suivante les limites encore plus loin que ce que vous pouviez imaginer).

2° soit vous répondez de façon tout aussi disproportionnée et vous vous exposez à entrer dans un conflit ouvert avec votre maître de stage. Conflit qui ne cessera qu’après votre départ. En clair, vous lui parlez aussi mal qu’il vous parle, vous lui dîtes ses quatre vérités et vous lui rendez votre démission dans la foulée. (stratégie jusqu'au-boutiste par excellence qui implique que vous ne regrettiez pas votre geste quelques secondes après l’avoir fait).

3° soit vous vous savez irréprochable et vous expliquez calmement à votre maître de stage, les raisons pour lesquelles il a tort de vous faire des reproches et qu’il a encore moins de raison de vous parler de cette façon. (3ème solution que j’affectionne tout particulièrement).

C’est pour la deuxième solution que 3 de mes amis, qui viennent de claquer la porte des cabinets qui les embauchaient, ont pourtant décidé d’opter. Ils se retrouvent maintenant sans stage en alternance un mois avant la fin officielle celui-ci, mais se disent soulagés d’avoir quitté une structure dans laquelle ils ne se sentaient plus à l’aise et au sein de laquelle la confiance ne régnait plus. »

Ce soir, à la faveur d’un dîner bien arrosé en compagnie d’un groupe d’amis, j’ai pu découvrir à quel point cette analyse se révélait toujours applicable même pour le stage final, qui n’a pourtant pas le même enjeu que le stage en alternance.

L’un de mes amis vient tout simplement de claquer la porte de son cabinet pour cause d’incompatibilités d’humeurs chroniques avec son maître de stage qui en était venu à ne quasiment plus lui adresser la parole tout ceci après l’avoir houspillé à de nombreuses reprises, et ce pendant plusieurs semaines. La situation étant proche de ce que l’on qualifie parfois de harcèlement moral, il a décidé de filer sa démission et de rechercher un cabinet plus « tranquille » dans lequel exercer.

Une autre de mes amies m’a parlé de quelques-unes de nos connaissances réciproques qui ont décidé, elles aussi, après deux mois dans leur cabinet, de ne plus y rester et d’en chercher un autre pour des raisons différentes :

1° Soit parce qu’elles étaient déçues ou plutôt dégoûtées par la qualité des tâches confiées (Recherches + photocopies – Photocopies + recherches).

2° Soit parce qu’elles n’étaient pas convaincues qu’elles allaient pouvoir tenir la cadence imposée par le cabinet sur 6 mois. 9h/23h tous les jours avec retour « obligatoire » au cabinet certains week-ends et tout cela bien sûr sans aucun remerciement pour le travail effectué.

3° Soit parce que la sauce n’ayant jamais pris entre elles et leur maître de stage respectif, elles préféraient quitter le cabinet afin de ne pas gâcher leurs chances de trouver une future collaboration en travaillant avec un autre avocat qui serait plus à même de déceler et surtout de reconnaître leurs qualités.

Une fois de plus, force est de constater que la donnée humaine a une grande importance dans le monde du travail et à fortiori dans le milieu des avocats. CQFD

mardi 25 mars 2008

L’art de plaider

L’une des joies du contentieux réside dans le fait de plaider l’affaire sur laquelle on a longtemps échangé avec la partie adverse via des conclusions, conclusions en réplique, en duplique, ou, un peu plus rarement, d’incident.

La plaidoirie intervient comme le moment de toutes les vérités. Celui que l’on prépare suivant un certain rituel et que l’on refait dans sa tête la veille au soir. Le respect du sacro-saint principe contradictoire fait que contrairement à ce que s’imagine le grand public, toute l’argumentation sur laquelle se baseront les avocats qui plaideront ait connu à l’avance aussi bien par le juge que par les parties.

Cela donne d’autant plus d’importance à la façon dont les avocats plaideront leur affaire. J’ai assisté, il y a un peu moins d’une semaine, à une plaidoirie de mon maître de stage concernant une affaire que nous avions préparée de concert.

Nous ne pouvions pas perdre puisque les éléments de preuve, de faits comme de fond nous étaient largement favorables. Le seul point qui restait vraiment à discuter tenait au montant de la réparation du préjudice subi. Face à cette situation, je dois bien avouer que l’avocat de la partie adverse a été bluffant. Sur une affaire où nous l’attendions à la limite de l’agressivité, il s’est révélé on ne peut plus courtois. Là où nous l’imaginions ne rien céder, il a concédé que son client avait eu tort sur bien des points.

Cette véritable stratégie associée au fait qu’il affichait un sourire communicatif de façade s’est, à mon sens, avérée payante. L’avocat a commencé par concéder tout ce qui pouvait raisonnablement l’être mais aussi ce qui pouvait pourtant faire l’objet d’une discussion, afin de mieux faire apparaître, par la suite, le fait que le préjudice allégué ne pouvait qu'être minime.

La décontraction et la façon dont il a réussi à capter l’attention des juges tranchaient avec l’air volontairement grave de mon maître de stage. Au final, sans avoir gagné cette affaire (puisqu’il est acquis que son client ne pourra qu’être condamné), l’avocat de la partie adverse a sans doute, par son attitude et son art de la plaidoirie, contribué à ce que, tout en étant de condamné, son client ne le soit qu’à payer une somme dérisoire.

Cette stratégie, qui peut apparaître comme le B-A BA reste, à mes yeux, une belle leçon de plaidoirie. Même si les nombreuses séries télévisées à succès qui tournent autour du métier d’avocat laissent croire au grand public qu’un bon avocat est celui qui gagne tous ses procès, la réalité du métier veut que toutes les affaires ne se puissent pas être gagnées, et que faire en sorte son client ne soit condamné qu’au minimum peut bien souvent apparaître comme une sorte de victoire.

En cela, la plaidoirie de l’avocat de la partie adverse, à laquelle j’ai pu assister, était grandiose.

mardi 18 mars 2008

Stage critique

J’avais évoqué, dans un précédent post, concernant les tâches confiées durant les stages, le fait que nous n’étions pas tous logés à la même enseigne. Le travail pouvant, pour un stage final, aller de la photocopie recto verso accompagnée de recherches plus ou moins utiles, aux plaidoiries, en passant par les assignations et autres conclusions à rédiger.

Un stage devient plus ou moins intéressant en fonction de la capacité qu’à votre maître de stage à vous faire confiance et donc à vous déléguer une partie plus ou moins importante du travail dont il a la charge.

À défaut de vous être renseigné préalablement sur le cabinet que vous avez décidé d’intégrer, soit grâce à des amis qui connaissent l’ambiance qui y règne, soit de façon un peu moins fiable via un site comme http://www.stagescritics.com, vous ne pouvez pas vraiment savoir à quelle sauce vous serez mangé.

La façon dont se passera votre stage dépendra également de la vraie personnalité (soigneusement cachée lors de l’entretien) des avocats que vous aurez l’occasion de côtoyer au quotidien. J’ai quelques amis qui, intégrés à tous types de structures (petite, moyenne ou grande), se plaignent régulièrement d’avoir comme interlocuteurs directs des avocats quelque peu imbus de leur personne, peu enclin à faire des compliments, sujets à des sautes d’humeur répétées, voire parfois complètement borderlines.

Même s’ils sont minoritaires, j’ai tendance à me dire que c’est un peu le métier qui veut cela et que cette profession est, par essence, plus que d'autres susceptible de contenir des personnes ayant un ego développé doublé d’un caractère pas facile et avec lesquelles il est néanmoins nécessaire d’apprendre à composer.

samedi 15 mars 2008

Dessine-moi une collaboration

Le stage se poursuit et plus le temps passe plus je m’aperçois qu’il est riche d’enseignements. Il l’est à double titre.

Il est formateur eu égard aux taches qui me sont confiés. Dans ce cabinet, que je qualifierais de taille moyenne, les stagiaires sont, à quelques petites exceptions près, en charge du même type de dossiers que ceux que l’on confie aux collaborateurs. Ils sont, bien entendu, chapeautés par les collaborateurs voire par les associés, mais sont finalement assez libres de ce qu’ils font.

Ce stage me permet également de me préfigurer ce que serait pour moi LA collaboration idéale. Le cabinet dans lequel je suis ne recrutera probablement pas de collaborateurs cette année puisqu’il en a déjà recruté suffisamment l’an dernier. Le fait est que même si, par extraordinaire, une proposition m’était faite, je ne pourrais pas certifier que je l’accepterai.

Je traite dans ce cabinet un nombre assez important d’affaires en contentieux et ne fait finalement que peu de conseil, ce qui est l’inverse de ce que je faisais dans mon précédent stage.

À ce stade, je dirai qu’une collaboration idéale serait, pour moi, celle qui peut m’offrir un peu des deux avec, tout de même, une majorité d’affaires en contentieux (65/35). L’activité de conseil présente, en effet, l’avantage de vous permettre de vous replonger régulièrement dans un travail de recherche original et inattendu, de recevoir le client, et de mettre, par la même occasion, à jour vos connaissances juridiques de façon probablement plus régulière et diversifiée qu’en contentieux.

Ce stage est également différent des autres quant aux domaines de ma spécialité qu’il me donne l’occasion d’explorer. J’ai tenté à travers mes différents stages de varier le plus possible avec en tête l’idée que je pourrai, grâce à cela, savoir à la fin de ma formation à l’EFB vers quel domaine précis de ma spécialité, je souhaitais prioritairement me diriger.

Je pense être arrivé au stade où je sais (enfin !) ce que je veux faire, ou du moins ce que je prends le plus de plaisir à faire et je m’aperçois que cela ne correspond finalement que partiellement avec ce que traite et donc que peut m’offrir le cabinet dans lequel je suis.

Maintenant que le portrait robot de ma collaboration prend forme, je vais commencer à chercher le cabinet qui serait susceptible de me l’offrir. Si j’en crois des amis de l’école, il ne faut pas hésiter à commencer à chercher à partir de la fin du mois de mars.
À suivre…

mercredi 5 mars 2008

2 mois plus tard

2 mois après le début de mon stage final, le travail s'avère être conforme à ce que j’ai connu au début du stage à savoir l’avantage d’avoir beaucoup de liberté dans la gestion des dossiers sous la haute autorité d’un maître de stage (toujours débordé) que l’on peut néanmoins déranger pour des questions complexes ou des points délicats du dossier.

J’apprends, peu à peu, à me faire à cette nouvelle méthode de travail qui impose d’être au fait de chacun des dossiers, de la moindre pièce et du moindre détail de la procédure au motif que, liberté oblige, si le dossier prend du retard ou s’il n’est pas parfait, cela devient en partie de votre faute. J’attendais de mon stage qu’il soit, avant tout, formateur. On va dire que sur ce point, je suis servi.

Même si le bilan d’un stage ne se fait pas au bout de deux mois, j’ai pu discuter récemment avec des amis qui sont intimement convaincus de la façon dont le leur va se poursuivre.

- Certains sont, comme moi, assez satisfaits de la confiance qu’on leur donne et de la liberté qu’on leur offre concernant le traitement et le suivi des dossiers en ayant pleinement conscience du niveau d’exigence que cela impose.

- D’autres sont tombés dans un cabinet où malgré la qualité des dossiers traités, les associés et les collaborateurs délèguent finalement très peu de choses au stagiaire à part des recherches ponctuelles. Dans ce cas-là, inutile de préciser que le stage paraît long et que les mois qui nous séparent de la fin du stage paraissent interminables.

- Certains découvrent ou sont confortés dans l’idée qu’ils quitteront la spécialité dans laquelle ils sont pour en embrasser une autre plus conforme à l’idée qu’ils se font du métier d’avocat.

- D’autres, à l’inverse, voyant dans ce stage la confirmation de ce qu’ils souhaitent faire en tant qu’avocat collaborateur, ne se gênent donc plus pour donner le meilleur d’eux-mêmes tout en ne comptant plus les heures passées au cabinet, afin d’avoir une chance d’être pris en collaboration à la fin du stage.

2 mois plus tard, même si ces grandes tendances commencent à se dessiner, l’heure du bilan n'a pas encore sonné.

samedi 1 mars 2008

La baisse du pouvoir d’achat

La crise des subprimes (celle marché des prêts hypothécaires, carte de crédit, des prêts à risques, etc.) a conduit à une défiance au niveau mondial envers les créances, les fonds d’investissement et le système bancaire.

Cette crise économique se fait également sentir au sein des cabinets d’avocats. Plus particulièrement au sein des grands cabinets d’affaires et de leurs départements directement liés au financement et au secteur bancaire.

Ces départements, réputés pour donner beaucoup de travail aux stagiaires, se retrouvent dans la situation où tout fonctionne au ralenti, et ce, en raison de la réévaluation et de l’aversion du risque de la part des banques et des investisseurs.

J’avais parlé, dans un précédent post, de la chance de pouvoir intégrer une structure « au bon moment et au bon endroit ».
Cette crise des subprimes, qui a des conséquences directes sur la politique de recrutement des cabinets d’avocats (gelée jusqu’à nouvel ordre dans certains départements de quelques cabinets), fait partie des éléments contextuels imprévisibles qui ont leur importance et contre lesquels on ne peut absolument rien.

Certains de mes amis, élèves-avocats, spécialisés dans des domaines fortement touchés par cette crise pensent d’ores et déjà à se rediriger vers une spécialité du droit des affaires moins exposée, voire une domaine du droit complètement différent.

L’élève-avocat ne peut, apparemment, faire l’économie du fait de devoir s’adapter au contexte économique…