Comme beaucoup de mes camarades, j’ai dû, au début de ce mois d’avril, sacrifier à la règle de la consultation en mairie. Cette règle veut qu’en tant qu’élève avocat, vous consacriez deux matinées à répondre aux questions juridiques posées par des quidams. Cela vous met, en effet, dans les conditions de répondre aux questions d’individus de toutes les classes de la société.
Cet exercice implique que vous vous mettiez, quelle que soit votre spécialité d’origine, trois heures d’affilée dans la peau d’un généraliste qui a (parce qu’il le faut bien) réponse à tout. Vous assistez en fait un avocat qui fait des permanences en mairie ou encore auprès d’une maison de la justice :
L’avocat (dans mon cas) ne vous sollicite que s’il a besoin de vous. J’ai beaucoup d’amis à qui on a rempli une fiche d’évaluation proche de l’excellence alors qu’ils n’ont pas ouvert une seule fois la bouche de toute la consultation.
Dans les premières minutes, l’avocat que je secondais avait d’ailleurs clairement l’intention de me montrer à quel point il se débrouillait très bien tout seul et ce n’est qu’au bout d’une vingtaine de minutes, lorsque le problème posé par le client s’est avéré un peu trop pointu pour lui, qu’il s’est adressé à moi.
Il faut reconnaître que je ne cessais de bouger la tête pour qu’il comprenne que j’avais quelque chose d’intéressant à dire au client. À partir de cet instant, on peut vraiment dire que nous étions deux à répondre aux questions posées par les clients. À tel point que certains d’entre eux en partant nous demandaient notre carte à tous les deux. Carte que je ne pouvais pas leur remettre puisque je ne suis encore qu’élève avocat.
À ce propos, la règle veut que l’avocat en charge de la permanence ne puisse pas non plus remettre sa carte au client. C’est une question de déontologie. L’avocat ne doit pas se servir de la gratuité du service qu’il prétend rendre pour se faire indirectement une clientèle personnelle.
Cette règle est difficilement tenable quand le client insiste lui-même pour avoir les coordonnées de celui qu’il ne prend pas longtemps à considérer comme le messie. Dans ce cas, l’avocat précise qu’en principe, il n’a pas le droit de le faire, mais qu’il peut faire une exception à condition de le signaler au bâtonnier. Pour avoir un peu discuté des consultations gratuites avec certains de mes futurs confrères, les avocats qui se prêtent au jeu des consultations gratuites n’hésitent pas à donner leur carte. Certains le font quand on leur demande (c’était le cas du mien), d’autres le font alors qu’on ne leur a rien demandé (et là c’est plus discutable sachant que la règle veut qu’ils n’aient pas le droit de le faire).
Quoi qu’il en soit, cette expérience de consultation était très intéressante par la diversité des cas qui se sont présentés devant moi (divorce, copropriété, bail, licenciement). Cela m’a conforté dans l’idée que même si je comptais bien me spécialiser dans la matière que j’affectionne particulièrement, je laisserai, si possible, une porte ouverte pour des domaines autrement plus enrichissant sur le plan humain.
Le droit de mentir n’existe pas
Il y a 1 semaine