dimanche 28 janvier 2007

18 mois pour savoir quoi ?

18 mois pour savoir si je veux m’en tenir à la spécialité du droit que j’affectionne le plus durant toute ma carrière, si je ferais ma spécialité ainsi que quelques interventions ponctuelles dans d’autres domaines que j’affectionne particulièrement ou si je serai l’un de ces avocats qui se prétendront spécialistes en un peu tout au motif qu’un client ne se refuse pas.

18 mois pour savoir si comme quelques-uns de mes camarades de promo, je souhaiterais à tout prix bosser dans une grosse structure anglo-saxonne qui me retiendra tous les jours jusqu’à 23h45 voire 1h du matin et me conseillera de venir un au boulot durant le week-end si je veux avoir une infime chance de passer collaborateur senior voire même associé un jour.

18 mois pour savoir si je me mens à moi-même en me disant que je fais ce métier par vocation et non pour l’argent qu’il est censé me rapporter.

18 mois pour savoir si une petite structure qui paye naturellement moins ces collaborateurs qu’une grosse structure française ou anglo-saxonne (3 fois moins selon les spécialités) ne serait pas meilleure pour quelqu’un comme moi qui aspire à conserver une vie privée digne de ce nom à côté d’un métier qu’il compte faire par passion.

18 mois pour savoir donc si le fait de tripler sa retrocession (2500 euros pour un salarié débutant en petite structure contre 6000 euros dans une grosse structure) vaut des sacrifices en terme de vie privée.

18 mois pour se rendre compte à travers les témoignages des intervenants à l’EFB que tous les avocats ne roulent pas sur l’or, qu’une grande partie touche le SMIC, que certains atteignent tout juste l’équilibre et qu’après seulement 2 ans d’exercice 40% des personnes inscrites dans ma promotion auront quitté la profession (50% au bout de 5 ans).

18 mois pour savoir si comme je l’ai toujours cru, ce métier était fait pour moi.

18 mois pour découvrir si oui ou non je me berçais d’illusion en pensant cela…

C’est long 18 mois…

La genèse

L’idée de ce blog (puisque c’est souvent par cela qu’on doit commencer) vient du constat que peu d’avocats communiquent à l’heure actuelle sur les coulisses et le quotidien de leur métier. Alors soit, ils sont tenus au secret professionnel assez strict, mais je pense (et le blog de Maître Eolas en est la preuve http://www.maitre-eolas.fr/) qu’il est possible, tout en respectant un minimum de confidentialité, de parler de cette profession qui fait tant parler…les autres.

Je suis élève avocat au sein de l’école de formation des barreaux de la cour d’Appel de Paris. Que mes confrères étudiants se rassurent. Le but de ce blog n’est en aucun cas de faire des commérages ou de parler des choses qui ne me regardent ni de près ni de loin mais plutôt de laisser une trace écrite de cette expérience de 18 mois censée me marquer à vie. Du moins, c’est comme cela qu’on me l’a vendue.

Je ne sais pas du tout à quelle fréquence je vais tenir ce blog. Sans encore être avocat à part entière, j’ai déjà comme quelques-uns de mes camarades, un emploi du temps assez serré. L’EFB Paris à cette spécificité qui veut qu’elle a souhaité laisser pendant les 6 mois dédiés à la formation une place pour 3 mois de stage en alternance non obligatoire. Les cours sont donc très condensés (du lundi 9 h au vendredi 18h) pour laisser la place aux 3 mois de stage.

La grande majorité des élèves de l’école a découvert assez tardivement cet état de fait et est donc en ce moment même à la recherche d’un stage pour le mois de février. Nous sommes (je dis nous parce que j’en ai miraculeusement trouvé un) pour l’heure près de 150 à avoir réussi à avoir décroché un stage en alternance sur une promo de 1169 élèves.

Cela s’explique en grande partie par le fait que les cabinets d’avocats rechignent à recruter sur une période de 3 mois et demi un stagiaire (fut-il élève avocat) qui demandera pendant cette période de retourner 2 voire 3 fois à l’EFB pour assister à des cours d’une semaine.

Pour le reste, l’EFB Paris est divisée en 3 centres. Celui de Bastille qui accueille la majorité des élèves, ainsi que ceux de Créteil et de Bobigny aux dimensions plus réduites.
J’ai eu vent du fait que l’ambiance était très bonne à Bobigny (les petits locaux seraient propices aux rapprochements), j’ai une amie à Créteil qui m’a dit que le fait qu’ils soient mélangés aux étudiants de la fac poussent la plupart des élèves à faire leurs vies de leurs côtés.

Pour ce qui est de Bastille, je pense (pour y être inscrit) que tout dépend du groupe de départ avec qui l’on est en mini-série (cours d’expression orale, etc) et des rencontres que l’on fait au fur et à mesure. Il y a toujours la possibilité de snober tout le monde en faisant sa vie de son côté, mais je pense qu’on peut se faire des bons potes sans trop forcer et en très peu de temps.

Nous sommes le 28 janvier, les cours ont commencé depuis un peu plus d’une vingtaine de jours, il se profile à l’horizon les élections de l’AEA (Association des élèves avocat) qui font beaucoup parler à la rue de Charenton et qui opposent deux listes. L’une des listes « 1169fdc » a organisé une soirée hier à l’Opus Café (quai de Valmy). Une soirée réussie qui a permis aux élèves des 3 centres de se voir autre part qu’en cours.
J’ai cru comprendre que l’association concurrente avait aussi prévu d’en faire une la semaine prochaine…
On verra ce que ça va donner, mais n’étant pas foncièrement contre le fait de faire la fête…j’attends cela de pied ferme…:)