mardi 24 juin 2008

L’heure du bilan

À la fin de la semaine prendront fin les 18 mois de formation de mon école. C’est donc l’heure du bilan.

Si j’en crois mon deuxième post sur ce blog datant du mois de janvier 2007 et intitulé « 18 mois pour savoir quoi ? », je me posais à ce moment-là plusieurs questions auxquelles je devrais aujourd’hui être en mesure de répondre.

Reprenons depuis le début :

« 18 mois pour savoir si je veux m’en tenir à la spécialité du droit que j’affectionne le plus durant toute ma carrière, si je ferais ma spécialité ainsi que quelques interventions ponctuelles dans d’autres domaines que j’affectionne particulièrement ou si je serai l’un de ces avocats qui se prétendront spécialistes en un peu tout au motif qu’un client ne se refuse pas ».

Je crois que le fait d’avoir touché du doigt le contentieux m’a donné très envie de ne pas m’en tenir uniquement aux contentieux relatifs à ma spécialité. Il n’empêche que les cabinets qui vous recrutent le font très souvent pour vos compétences universitaires et que sauf à développer très tôt une clientèle personnelle dans un autre domaine que le vôtre, vous serez très souvent voire toujours cantonnés à l’activité de contentieux et de conseil propre au cabinet ou au département du cabinet qui vous aura recruté.

« 18 mois pour savoir si comme quelques-uns de mes camarades de promo, je souhaiterais à tout prix bosser dans une grosse structure anglo-saxonne qui me retiendra tous les jours jusqu’à 23h45 voire 1h du matin et me conseillera de venir un au boulot durant le week-end si je veux avoir une infime chance de passer collaborateur senior voire même associé un jour ».

La question des horaires est un peu plus délicate. Je fais partie de ceux qui pensent qu’il n’est pas utile de travailler 14 heures par jour pour démontrer que l’on fait du bon travail. Il n’empêche que dans certaines structures et selon la spécialité dans laquelle vous exercez, vous n’avez pas vraiment le choix.

Même si j’ai conscience du fait que ce métier ne se fait pas vraiment en comptant ses heures, j’aspire encore et toujours à avoir du temps pour ma vie privée.

« 18 mois pour savoir si je me mens à moi-même en me disant que je fais ce métier par vocation et non pour l’argent qu’il est censé me rapporter ».

Après 18 mois de stages et de cours confondus, je reste convaincu que je ne fais pas ce métier pour l’argent. D’autant plus que je me suis aperçu assez tôt qu’il y avait une différence entre ce que le grand public pensait que l’avocat gagnait et ce qu’il gagnait réellement. Beaucoup d’avocats parisiens ont des difficultés à joindre les deux bouts et de nombreux cabinets proposent des rétrocessions d’honoraires bien inférieures à ce que pourrait gagner un juriste d’entreprise débutant.

« 18 mois pour savoir si une petite structure qui paye naturellement moins ces collaborateurs qu’une grosse structure française ou anglo-saxonne (3 fois moins selon les spécialités) ne serait pas meilleure pour quelqu’un comme moi qui aspire à conserver une vie privée digne de ce nom à côté d’un métier qu’il compte faire par passion ».

Sur cette question, je suis plutôt partagé pour les raisons évoquées précédemment. À Paris, petite structure signifie souvent petite rétrocession d’honoraires (proches du SMIC) pour des horaires qui ne garantissent pas toujours de partir tôt du cabinet. À l’inverse, la plupart des grosses structures qui paient grassement leurs collaborateurs attendent d’eux un investissement de tous les instants (le soir assez tard et le week-end parfois voire souvent).

D’où l’intérêt pour la moyenne structure qui paie correctement ses collaborateurs sans pour autant attendre d’eux qu’ils se soumettent à des horaires insupportables.

« 18 mois pour savoir donc si le fait de tripler sa rétrocession (2500 euros pour un salarié débutant en petite structure contre 6000 euros dans une grosse structure) vaut des sacrifices en termes de vie privée ».

En ce qui me concerne la réponse est non par principe mais aussi parce que je sais qu’il existe un juste milieu entre ces deux situations.

« 18 mois pour se rendre compte à travers les témoignages des intervenants à l’EFB que tous les avocats ne roulent pas sur l’or, qu’une grande partie touche le SMIC, que certains atteignent tout juste l’équilibre et qu’après seulement 2 ans d’exercice 40% des personnes inscrites dans ma promotion auront quitté la profession (50% au bout de 5 ans) ».

Tout ce que j’ai pu lire pendant l’année confirme ces chiffres.

« 18 mois pour savoir si comme je l’ai toujours cru, ce métier était fait pour moi.

18 mois pour découvrir si oui ou non je me berçais d’illusion en pensant cela…

C’est long 18 mois… »

18 mois plus tard, je reste très attiré par ce métier. J’en sais désormais beaucoup plus sur la façon dont j’envisage de l’exercer à court et moyen terme. Reste à espérer qu’en le pratiquant à part entière et non plus en tant que stagiaire, cette envie et cette motivation restent intactes, voire grandissent…

lundi 9 juin 2008

Le temps des collab'

Nous sommes bientôt à la mi-juin et c’est, depuis quelques semaines déjà, la période pendant laquelle les premières collaborations se signent.

À bientôt une quinzaine de jours de la fin du stage, ceux qui ont eu la chance d’intégrer un cabinet qui d’une part les a appréciés et d’autre part avait un réel besoin de recruter quelqu’un, se sont vus proposer par leur maître de stage de signer leur premier contrat de collaboration.

Même si dans les petits cabinets, la signature d’une collaboration signifie bien souvent une quasi-absence de vacances entre juillet et octobre et donc l’obligation de mener de front les dossiers du cabinet et les révisions du CAPA, les cabinets plus importants donnent la plupart du temps la possibilité à leur futur ex-stagiaire et futur nouveau collaborateur de ne revenir qu’une fois passé l’examen du CAPA.

Pour les autres (comme moi) qui ne seront pas embauchés dans le cabinet où a été réalisé leur stage final, les mois de juin et de juillet sont également propices aux entretiens en vue d’une collaboration. À ce propos, l’AEA (Association des Elèves-Avocats) organise durant toute la journée de demain (10 juin) à proximité du palais de justice, un forum dit « collaborateur » où seront présents la plupart des très grands cabinets parisiens mais aussi quelques cabinets à taille humaine.