vendredi 23 novembre 2007

Vous avez un message

J’ai créé ce blog sans trop me poser de question un soir du mois de janvier dernier. Ce n’est qu’il y a quelques semaines que je me suis aperçu que je n’avais pas pensé à créer d’adresse email par laquelle un lecteur pourrait (sait-on jamais) me poser des questions autrement que par l’intermédiaire des commentaires accessibles et surtout visibles par tous.

Vous l’aurez compris par vous-même Spcial n’est pas mon vrai prénom. Alors, pourquoi Spcial ? Tout simplement parce que j’ai l’impression (comme beaucoup de personnes) de l’être « Spécial », mais surtout pour rester un anonyme qui disserte anonymement et surtout pour garder ce luxe qu’est la possibilité de dire à peu près ce que je veux sans risquer quoi que ce soit venant de qui que ce soit.

Il y a quelques minutes, je me suis aperçu en consultant mon blog qu’un message m’attendait sur ma boîte mail. Mon premier message depuis que j’ai créé ce blog. Puisque comme tout blogueur qui se respecte (même anonyme), j’ai aussi ma part d’égocentrisme, j’ai donc décidé d’écrire un post pour parler de ce qui n’est pourtant qu’un épiphénomène.

Plus sérieusement, j’ai surtout décidé d’en parler parce que ma réponse peut servir à d’autres. Le message m’a été adressé par une élève-avocate de l’EFB Paris qui comme moi aura droit au respect de son anonymat. Sans rentrer dans les détails d’une conversation qui, par définition, doit rester privée, elle m’indiquait dans son message qu’elle avait lu plusieurs de mes posts consacrés au foisonnement en juin et juillet dernier et qu’elle en avait déduit que cet exercice, qu’elle passe bientôt, était une terrible épreuve.

Non dénuée d’une certaine " audace ", elle souhaitait que je lui en dise plus sur cette épreuve et que je lui donne quelques conseils d’ordre pratique. Ce post me permet de lui répondre indirectement et dans le même temps de faire profiter à d’autres qui, sait-on jamais, pourraient eux aussi lire ce blog, de ma réponse.

Puisque dans trois de mes posts des mois de juin et juillet dernier, j’ai parlé de façon assez globale de cette épreuve qu’est le foisonnement, je vais tenter cette fois de rentrer dans les détails.

La série à laquelle vous appartenez sera divisée en plusieurs groupes d’une dizaine de personnes. Chaque groupe sera composé de plusieurs binômes. Sur chaque matière, il vous faudra déterminer avec votre acolyte si vous êtes en demande ou en défense. En clair, ce sera à vous de choisir si vous représentez le demandeur ou le défendeur.

Chaque groupe aura droit à un intervenant différent dans chaque matière. Ce dernier aura la charge de suivre ces élèves pendant toute la durée du foisonnement. Il notera votre assignation ou vos conclusions en défense (sur 10), vous fera des remarques puis notera votre plaidoirie ainsi que votre dossier de plaidoirie (sur 10).

Lors des premiers jours du foisonnement, les intervenants vous expliqueront comment se dérouleront les différentes étapes du foisonnement et distribueront aux élèves les dossiers spécifiques à chacune des matières. Les sujets sont communs à chacun des groupes de votre série, seul l’ordre de passage change lors des plaidoiries (certains passeront en début, d’autres en fin de semaine).

La semaine 1 est celle de la rédaction, la semaine 2 celle des corrections et la semaine 3 celle des plaidoiries. Attendez vous à des dossiers assez épais composés de pièces qu’il faudra éplucher à la loupe.

Les épreuves sont au nombre de 5. Elles portent sur le droit administratif, le droit civil, le droit pénal, le droit commercial et le droit social.

Le droit social fait l’objet d’un traitement particulier. Contrairement aux autres matières pour lesquelles, il vous sera d’abord demandé :

- De rédiger une assignation, une requête ou des conclusions en défense selon votre rôle dans le binôme (étape 1)

- Avant que celles-ci soient appréciées par un intervenant qui vous fera en tête à tête des commentaires spontanés sur votre travail (étape 2)

- Et que quelques jours plus tard vous plaidiez devant ce même intervenant (avocat) sur la base d’un dossier de plaidoirie construit à la lumière de ces remarques que vous devrez lui remettre à la fin de votre prestation (étape 3)…

…on vous demandera, en droit social, de plaider directement sur la base de vos conclusions en demande ou en défense écrites à partir d’un petit cas pratique qui vous sera présenté quelques jours plus tôt. (2 ou 3 tout au plus).

À bien y réfléchir, le droit pénal présente lui aussi des spécificités de traitement. Dans cette matière, vous ne découvrirez votre sujet que le matin même. Vous n’aurez que quelques heures (5 heures tout au plus) pour préparer une plaidoirie. Vous plaiderez devant un avocat spécialiste en la matière.

Les dossiers que l’on vous remettra seront, pour la plupart, des procès-verbaux de comparution immédiate. Vous devrez les lire et essayer de déceler les éventuels vices de procédure et autres nullités en tout genre, tout en construisant l’argumentaire votre future plaidoirie. C’est un exercice qui, à mon sens, demande de l’audace.

Beaucoup de mes amis ont plaidé leur dossier avec éloquence et sérieux, mais ne se sont, aux dires de l’intervenant, pas assez inspirés des pièces du dossier pour y trouver la matière nécessaire à une bonne défense de leur client. Résultats des courses, ils ont à peine eu la moyenne, voire ne l'ont pas eue du tout.

N’hésitez pas à chercher des arguments qui, de prime abord, pourraient vous apparaître quelque peu tirés par les cheveux. Ce ne sont pas les dossiers du siècle. L’erreur de procédure sera assez rare et l’accusé sera malheureusement assez souvent très difficilement défendable. L’intervenant attendra justement de vous que vous puissiez, malgré tout, trouver des arguments percutants pour le défendre.

On vous expliquera que vous ne pouvez pas inventer de faits même, si dans les faits, vous pourrez (votre dossier vous apportant rarement la substance nécessaire pour trouver des « circonstances atténuantes » à votre client) en inventer quelques-uns liés à la personnalité de votre client. Le tout étant de ne pas en abuser non plus.

Étant donné que mon post est déjà interminable et que je ne peux pas non plus y passer la nuit, je vais terminer par deux conseils pratiques. Même si vos écritures sont notées, mon expérience me pousse à croire que votre note sur 20 se jouera en grande partie au moment de la plaidoirie.

Essayez donc de vous détacher le plus possible de vos notes et de vos dossiers de plaidoirie. Prenez du temps la veille pour les relire et vous en imprégnez le plus possible. Certains intervenants sont très attentifs à cela et vous pénaliseront même si votre discours est clair pour avoir trop regardé votre dossier de plaidoirie. Il faut être capable de plaider « dossier fermé ». D’ailleurs, certains intervenants n’ont pas hésité à demander à mes camarades, au milieu de leur plaidoirie, de fermer immédiatement leur dossier.

Choisissez, si ce n’est pas déjà fait, un binôme avec lequel vous vous entendez bien et qui a décidé de consacrer du temps au foisonnement. Il n’y a rien de pire qu’un binôme fantôme, qui vous envoie les pièces la veille à 2 heures du matin prétextant avoir autre chose à faire que le foisonnement.

Vous aurez la sensation désagréable de bosser pour deux et l’alchimie qui sera (et pour cause) inexistante de vos plaidoiries respectives sera perçue comme telle par un intervenant qui ne devrait pas longtemps hésiter à baisser votre note même si votre prestation personnelle s’avérait quasiment irréprochable.

En espérant ne pas vous avoir froissée en prenant votre email comme prétexte à un post sur mon blog mais j’ai cru naïvement que cela pouvait être utile à d’autres.

Cordialement

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Es-tu multiprise ?

Cordialement,

Un autre élève avocat.

SPCIAL a dit…

C'est peut-être le signe que la fatigue me guette mais j'ai bien peur de ne pas comprendre le sens de ta question ?

A moins que ce ne soit une private joke que je suis censé comprendre ?

Cordialement