mardi 24 avril 2007

La donnée humaine

On a souvent l’impression que tout ne peut que se passer pour le mieux dans le meilleur des mondes à condition que le travail fourni soit à la hauteur. C’est sans compter sur une donnée non négligeable en cabinet d'avocat. La donnée humaine...

Autour de moi un certain nombre d’amis l’apprennent à leur dépens puisqu’ils viennent tout juste de prendre la décision de quitter les cabinets qui les accueillaient jusque-là.

Certains en ont eu marre d’être pris pour des coursiers par leur maître de stage. On leur demandait d’aller signifier des actes dans les différents TGI (Paris, Bobigny, Créteil, Nanterre) toute la sainte journée au point de passer l’essentiel de leur temps à l’extérieur du cabinet.

D’autres ont pu se rendre compte par eux-mêmes que le métier d’avocat est une profession où les personnalités sont fortes et où les maîtres de stage caractériels voire de mauvaise foi sont légions. Dans ces conditions, vous avez d’ailleurs plusieurs solutions :

1° soit vous accepter les critiques, invectives et autres remarques blessantes en baissant la tête...et en espérant que l’orage passe. (Stratégie payante à court terme mais destructrice à long terme puisque votre interlocuteur, conscient qu’il peut à peu près tout faire de vous sans que vous réagissiez, poussera la fois suivante les limites encore plus loin que ce que vous pouviez imaginer).

2° soit vous répondez de façon tout aussi disproportionnée et vous vous exposez à entrer dans un conflit ouvert avec votre maître de stage. Conflit qui ne cessera qu’après votre départ. En clair, vous lui parlez aussi mal qu’il vous parle, vous lui dîtes ses quatre vérités et vous lui rendez votre démission dans la foulée. (stratégie jusqu'au-boutiste par excellence qui implique que vous ne regrettiez pas votre geste quelques secondes après l’avoir fait).

3° soit vous vous savez irréprochable et vous expliquez calmement à votre maître de stage, les raisons pour lesquelles il a tort de vous faire des reproches et qu’il a encore moins de raison de vous parler de cette façon. (3ème solution que j’affectionne tout particulièrement).

C’est pour la deuxième solution que 3 de mes amis, qui viennent de claquer la porte des cabinets qui les embauchaient, ont pourtant décidé d’opter. Ils se retrouvent maintenant sans stage en alternance un mois avant la fin officielle celui-ci, mais se disent soulagés d’avoir quitté une structure dans laquelle ils ne se sentaient plus à l’aise et au sein de laquelle la confiance ne régnait plus.

Ce stage en alternance qui est une spécificité de l’EFB Paris, a ceci de particulier qu’il apprend à l’élève avocat, près d’un an avant le stage le plus déterminant de sa formation, que le fait de se sentir bien au sein d’une structure dépend autant du travail qu’on lui demande et qu’il fournit que des personnalités avec lesquelles il sera amené à travailler. Vous pourrez faire les choses les plus intéressantes du monde, si votre maître de stage vous met une pression injustifiée et ne vous parle que pour vous faire des reproches, les 3 mois que durent le stage ne pourront que vous paraître long.

À l’inverse, un stage de planqué voire de « photocopie » avec le maître de stage le plus sympathique et le plus laxiste du barreau de Paris ne pourra que paraître insatisfaisant à quelqu’un qui se prétend en apprentissage car ELEVE-avocat.

De la complexité des rapports humains…en cabinet d’avocat

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Excellente entrée sur les relations humaines en cabinet d'avocats, mais applicable aussi dans plusieurs autres milieux.

Je ne fais pas carrière en droit (bien que j'y ai longuement pensé) mais plutôt dans le milieu académique. Vous me semblez très mature et le portrait que vous dressez du milieu légal, dans la perspective d'un stagiaire, est très pertinent.

Je vous encourage à continuer ce blogue. Et bonne chance pour votre boulot!

SPCIAL a dit…

Merci pour le compliment ainsi que pour les encouragements.