samedi 1 septembre 2007

Avocat à vie ? Avis d’avocats

Plus le temps passe, plus je m’aperçois que la profession d’avocat est l’archétype de celle que l’on idéalise énormément avant de l’exercer pour finalement tomber quelque peu de son arbre une fois qu’on l’intègre.
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On se rend d’abord compte en allant au tribunal ou en observant d’autres avocats à travers nos différents stages qu’ils ne sont pas tous brillants et talentueux (loin s’en faut). Ce constat n’a en réalité rien de bien surprenant puisque comme dans toute profession, il se devait d’exister de très bons, de bons, de moyens mais aussi de moins bons (pour ne pas dire de mauvais) avocats.

Au-delà, donc, de cette vraie fausse surprise, vous découvrez assez rapidement que même si le type de structure dans laquelle vous travaillerez y sera pour beaucoup, quoi qu’il arrive, vous ne pourrez pas exercer cette profession libérale moins de 10 à 11 heures par jour.

Là encore, il n’est pas vraiment surprenant d’apprendre qu’une profession libérale impose beaucoup plus d’heures de travail qu’un métier de juriste en entreprise soumis au 35 heures.

Là où cela se complique c’est dans la façon dont vous effectuez ces 11 heures de travail quotidien. Quand vous n’êtes qu’un élève-avocat la pression ou plutôt le rythme que vous impose votre maître de stage est déjà important . Quand vous passerez collaborateur, ce rythme deviendra d’autant plus important que vous devrez à votre cabinet un certain nombre « facturable » (au client) par an (environ 1300), qui réportées au nombre de jour dans la semaine équivaut à peu près à 6 heures par jour. Sur ce point, il est utile de préciser que les recherches se facturant rarement, 6 heures facturées n’équivalent pas à 6 heures de travail.

Le niveau d’exigence qui vous est imposé n’est quant à lui plus du tout lié au type de cabinet dans lequel vous officiez…il est tout simplement omniprésent dans cette profession. Partez du principe que ce métier est rempli d’avocats qui attendent ou attendront de vous que vous soyez brillant, rapide, efficace, volontaire et, pour ne rien gâter… aimable.

Si vous remplissiez tous ces critères, vous êtes sur la bonne voie, mais pour avoir une chance de terminer votre vie dans cette profession, il faut une capacité hors du commun de résistance à la pression.

Il existe deux types de pression.

Celle qui est liée aux horaires. Passez près de 13 heures (9h à 22h) dans un cabinet n’est pas évident pour tout le monde. Plus vous travaillez d’heure dans une journée plus vous devenez, la fatigue aidant, à fleur de peau et réceptif aux remarques de votre supérieur hiérarchique.

Celle liée à la pression psychologique qu'exerce sur vous ce même supérieur hiérarchique. Vous pouvez, en effet, travailler 10 heures par jour (9h30 à 19h30) et subir une pression de tous les instants qui vous empêche d’envisager de continuer de ce métier sauf à quitter d'urgence ce cabinet.

Même si je n’ai pas de statistiques, je m’aperçois en discutant avec des ami(e)s élèves-avocats que le facteur qui les pousserait le plus à décider de ne pas s’éterniser dans cette profession est la conscience qu’ils ont de ne pas vouloir travailler 5 jours sur 7 (voire plus) sous la pression des dead-lines beaucoup trop courtes voire surnaturelles imposées par un collaborateur ou un associé.

Dans ces conditions, et après 8 mois d'école, je commence à entendre certains de mes camarades (pourtant très motivés au départ), m’expliquer qu’ils iront au bout de la formation mais que si le stage de fin de formation se passait mal pour eux, en partie en raison du fait qu'ils se rendraient compte à cette occasion que ce métier ne colle pas à leur tempérament, ils n’hésiteraient pas à se réorienter vers une autre profession moins exigeante, notamment au niveau des horaires (juriste d’entreprise par exemple).

Comme dirait l’un de mes camarades de promo en citant Voltaire « il ne faut pas oublier que l’homme n’est pas fait pour travailler, la preuve c’est que cela le fatigue ».

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